Fondamentaux pédagogiques

Au début du 20ème siècle, se constitue un milieu international de pédagogues, de psychologues, de médecins, critiques envers les méthodes d’enseignement dogmatique, intéressés par les acquis de la psychologie et attentifs aux essais pédagogiques conduits dans l’ensemble de l’Europe et aux États-Unis, et en particulier aux travaux de Dewey. Dès 1895, Dewey conçoit et met en œuvre une pédagogie, fondée sur l’expérience empirique réelle – condition, selon lui, de la construction de la pensée – et organisée autour d’une vie collective démocratique. Ses idées sont connues et diffusées très tôt dans l’aire francophone (nous y reviendrons).

Au lendemain de la première guerre mondiale, dans une Europe traumatisée, des pédagogues pensent qu’un monde sans violence est possible. En France, en Autriche, au Royaume-Uni, en Pologne, en URSS, en Italie… des personnalités comme Maria Montessori, Célestin Freinet, Ovide Decroly ou Alexander Neill vont profondément changer la pensée de l’éducation, en plaçant l’enfant au cœur de l’enseignement. À contre-courant des sociétés blessées et sclérosées qui sont les leurs, ils tentent, par tous les moyens, d’inventer une autre école, humaniste et progressiste. Ils pensent qu’un monde sans violence est possible.
On retrouve chez tous ce postulat irréductible : L’engagement de l’élève comme sujet. Mais également qu’instituer l’élève n’abolit pas l’enfant, que l’enfant est un sujet qui ne peut être absent de l’école pour qu’elle fonctionne mieux !
En 1921, le pédagogue Suisse Adolphe Ferrière réunit ces pédagogues au sein d’un mouvement : la Ligue Internationale de l’Éducation Nouvelle, créée sur le modèle de la Société des Nations. L’éducation nouvelle peut prendre son essor !

  • L’éducation résulte de la stimulation que reçoit l’enfant dans un contexte social donné.
  • Toute éducation doit partir des champs d’intérêt et des capacités de l’enfant.
  • L’éducation est un processus d’actualisation de la vie et non une préparation pour la vie.

Cependant, les différents mouvements et multiples courants qui se réclament de l’Éducation nouvelle, s’ils ont en commun, un même refus de « l’école assise » où l’enfant serait assigné à reproduire des comportements standardisés, s’ils veulent tous former les élèves à « se prendre en charge », s’ils prônent systématiquement les « méthodes actives », ils ne mettent pas les mêmes choses derrière les mêmes mots.

  • Le développement harmonieux du jeune enfant est lié à la qualité des soins qu’il reçoit (se reporter aux travaux de John Bowlby et Mary Ainsworth, ou ceux plus récents de ).
  • Les être humains apprennent grâce à une approche « pratique », la réalité doit être vécue. L’expérience désigne la manière dont les organismes vivants interagissent avec leur environnement. Pour les humains, l’environnement est aussi social, culturel et politique (se reporter ici aux travaux de John Dewey).
  • L’enfant est actif dans la construction de ses savoirs, savoir-être, savoir-faire et ses savoir-vivre ensemble. Selon Piaget, les connaissances « sont construites par l’enfant par l’intermédiaire des actions qu’il accomplit sur les objets ». Trois facteurs influencent le développement de l’enfant : sa maturation biologique ; son expérience empirique (connaissances qui s’appuient sur son expérience personnelle) ; ses interactions avec l’environnement. On peut favoriser le développement intellectuel (des enfants) en leur faisant vivre des expériences directes avec leur environnement (manipulations, expérimentations, etc.) et en favorisant les interactions sociales (échanges, discussions, confrontations, etc.).
    Selon Piaget, l’une des meilleures stratégies pour le développement des jeunes enfants est de nourrir leur curiosité en leur proposant des activités et des projets rattachés à leurs champs d’intérêt. Finalement, ce chercheur rappelle l’importance du jeu dans la vie, le développement et l’apprentissage des enfants. Même si ses apports sont aujourd’hui critiqué, nous continuons à reconnaître ce qui précède comme fondateur dans la manière de prendre en compte le développement des jeunes enfants (se reporter à ses travaux et aux critiques qui ont pu être émises).
  • L’interaction sociale et la culture exercent une forte influence sur le développement de l’enfant (voir la question de la médiation cognitive et de la zone de développement proximal de Vygotsky).
  • Le contexte culturel démontre l’influence de l’environnement sur le développement de l’enfant. Le développement de l’enfant est influencé par tous les systèmes et sous-systèmes sociaux dont lui et sa famille font partie. L’approche écologique qui en découle met en évidence le principe suivant : les parents sont des partenaires indissociables de toutes les interventions qui visent le développement holistique, dynamique et harmonieux des jeunes enfants. L’environnement écologique de l’enfant est un système complexe qui se subdivise en quatre sous-systèmes : le microsystème (milieux immédiats), le mésosystème (liens entre les milieux immédiats), l’exosystème (lieux de décision qu’ils ne fréquentent pas mais qui ont une influence directe sur sa vie) et le macro-système (modèles culturels, les idéologies et les valeurs transmises un état et son gouvernement, une religion, une éducation, un modèle économique etc.). La théorie développée par Bronfenbrenner est peu connue et peu étudiée. Pourtant cette approche transactionnelle de la psychologie permet de voir « le grand portrait » et d’ainsi tenir compte de l’influence de divers facteurs sociaux dans l’analyse du développement de l’enfant et de ses besoins. Par conséquent, les interventions pour améliorer la situation des enfants devront être inclusives.
  • Chaque enfant est un être unique. Il possède sa façon à lui de comprendre le monde qui l’entoure et d’agir sur ce monde. Selon Gardner, il y a plusieurs formes d’intelligence. Chaque enfant possède des forces, des aptitudes et des habiletés différentes lesquelles façonnent sa manière d’explorer ou d’apprendre.
  • L’affordance (terme d’origine anglaise) renvoie à la notion de « potentialité », marque un champ d’investigation très large. De nombreuses disciplines l’utilisent ou y font référence comme la psychologie cognitive, la psychologie ergonomique, le design, etc. D’un point de vue psychologique, l’affordance désigne l’ensemble des possibilités d’actions sur un objet. Le terme « affordance » apparaît pour la première fois dans les écrits du psychologue James J. Gibson. Il donne forme au concept en proposant le terme affordance en 1977 dans The Theory of Affordances. Pour lui, l’affordance est l’ensemble de toutes les possibilités d’action d’un environnement. Celles-ci sont objectives, mais doivent toujours être mises en relation avec l’acteur qui peut les utiliser. Par exemple, un escalier n’a pas l’affordance d’être escaladé du point de vue d’un nourrisson. L’affordance des objets ne dépend pas des besoins de l’utilisateur ni de son action de perception, celle-ci est suggérée par l’objet lui-même, elle est une partie constitutive de ce dernier.

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